UN PROJET VOYAGEUR
Polyfonías Poetry Project a déjà fait dix ans de chemin, les derniers cinq ans en trío. En fait, c’est précisément en 2008, à l'occasion de la présentation dans le centre culturel La Casa Encendida de Madrid du CD-livre Polyfonías -réalisé en collaboration avec le compositeur et guitariste Mark Solborg-, que le clarinettiste espagnol Salvador Vidal s’est associé au projet.
Quelques mois après la publication de Polyfonías, le poème polyphonique qui ouvre le disque “Un idioma sin fronteras” (une langue sans frontières) gagna le Second Prix dans le concours international d'art 2008culturas.com, organisé par le Ministère de la Culture de l'Espagne dans le cadre de la célébration de l'Année Européenne du Dialogue Interculturel. Depuis lors nous avons visité huit pays européens, en grande partie grâce à un accord avec l'Institut Cervantes (le frère espagnol de l’Institut Français). Cela nous a permis de participer à plusieurs festivals importants de littérature comme le Cuírt International Festival of Literature en Irlande, le Berlin Poesie festival, le festival de littérature de Brême Poetry on the Road et Cph : Litt. 2011 du Danemark.
Entretemps nous avons ajouté de nouveaux poèmes polyphoniques au répertoire, et l'année dernière nous avons profité de notre présence dans le Festival de Littérature de Copenhague pour enregistrer seize de ces nouvelles polyfonías dans les studios de son réputés Karmacrew dans la capitale danoise. Il était donc grand temps que nous puissions présenter – et tourner avec – un disque avec l'ensemble au complet : Mark Solborg, Salvador Vidal et moi-même, tel que notre public nous connaît sur scène.
C’est bien cette oeuvre, que j’ai appellé “Delta”, qui est susceptible d’être publiée sous forme de livre-disque, si vous – les explorateurs, les partisans de mon projet, l’avant-garde – le voulez. Sans votre appui cela ne pourra pas se faire.
AINSI SONT NÉES LES POLYFONÍAS
C’est au cours de l’été 2003 que – de manière spontanée – j'ai écrit Un idioma sin fronteras, ma première polyfonía. On m'avait invité à lire quelques poèmes en Radio Extérieure de l'Espagne et, flatté et sans réfléchir bien longtemps, j'ai accepté. Après avoir raccroché le téléphone, je me suis rendu compte qu'ils devaient penser que j’avais des poèmes écrits en Espagnol, ou au moins traduits dans cette langue. Après tout, la fonction de Radio Extérieure de l'Espagne est la promotion de l'Espagnol dans le monde. Du coup, dans l’urgence, je me suis mis à écrire un poème en espagnol, mais quand j’ai terminé le premier vers, j’avais déjà employé les quatre langues des quatre cultures dans lesquelles –grâce à ma vie nomade– je m’étais formé : la danoise, la française, l’espagnole et l'anglaise.
Dentro de mí/viven cuatro personas, each/with their own voice,/su propia/lengua,/sa propre langue./Hver med sit eget sprog/og sin egen stemme.//No disputan: habla/quien ha de hablar,/the one who comes up with the best/and truest word/le mot juste….
Puisque le programme radiophonique auquel je fus invité traitait précisement de la capacité de la poésie à traverser les frontières, je me suis décidé à donner son nom à mon poème. Une décision qui s’est depuis avérée prémonitoire : l’idée que la poésie est une langue sans frontières – un langage ou chant originel ou syntaxe musicale que chaque poète crée avec les mots et phrases qu’il a appris des cultures où il a vécu – est devenue la pierre angulaire dans ma poétique, la clé pour le développement du concept de mon projet.
Mon intérêt pour la poésie orale et ma vocation de musicien m'ont bientôt amenés à chercher des musiciens improvisateurs qui avec leur langage sonore pouvaient ajouter une cinquième corde musicale à mes polyfonías.
En 2004 j'ai contacté Mark Solborg – un guitariste dano-argentin avec une grande sensibilité et à la fois un compositeur original et éclectique – pour qu'il s’unisse à mon projet de poésie «polyphonique». Mes explorations musicales et poétiques et mon dialogue avec Mark lors d’une résidence artistique à la Fondation Valparaiso de Mojácar dans le sud de l’Espagne mènent à l’enregistrement de neuf polyfonías.
À la fin de notre séjour en Andalousie, Mark est retourné à Copenhague et pendant les trois années suivantes j’ai travaillé en duo en Espagne avec le grand clarinettiste Salvador Vidal de Valence, spécialiste de musique classique contemporaine. En 2008, quand l’éditorial madrilène Delsatélite Éditiones publie les enregistrements de Mojácar, je décide d’inviter Salvador à jouer en trio avec Mark et moi pour le concert de présentation. Ce fut le concert d’inauguration de Peter Wessel Polyfonías Poetry Project.
LES « POLYFOMANES » - UNE COMMUNAUTÉ DE GENS LIBRES
Nos tournées à travers l’Europe m’ont convaincu qu’il existe des gens de goût, sensibilité et valeurs propres qui osent chercher d’autres stimulants que le sens cru et rationnel quand ils écoutent la poésie. Qui, au lieu de se laisser dévier quand ils écoutent un mot qu’ils ne comprennent pas, ouvrent leurs sensibilités aux autres qualités du mot parlé, avant tout à la musique et à l’évocation de régions riches d’autres langues et modes de vie que les leurs. Être capable de pouvoir créer des sens plus vastes au paysage sonore polyphonique avec lequel nous sommes confrontés dans la société moderne où notre propre langue parfois est noyée par d’autres langues peut être un grand avantage.
Même si vous êtes un groupe dispersé, vous êtes sans doute aussi nombreux à vouloir vous procurer un exemplaire de Delta. Heureusement, aujourd’hui nous ne sommes qu’à un clic les uns des autres. Nous vivons réellement dans un “village global” où la distance physique n’est plus un problème insurmontable. Polyfonías Poetry Project est poésie et musique pour des gens qui savent jouir de la paix de leurs propres pensées, qui tiennent aux critères qu’ils ont développé au cours de leur vie et qui ne cherchent pas à s’entourer d’un maximum de bruits et le dernier cri en trending topics pour ainsi dissiper leurs doutes existentiels.
Cette classe de personnes forme plutôt des communautés que des agglomérations: ils peuvent vivre assez loin les uns des autres, ça ne les empêche pas de se rassembler fréquemment par internet ou de se voir aux concerts, expositions, récitals, débats etc. Pour un éditeur qui priorise une grande circulation et une distribution facile, “Delta” n’est pas intéressant. Il n’est pas simple ni rentable de vendre à deux cent personnes en France, deux cent autres en Espagne, deux cent autres au Danemark, etc… Pour vous comme pour moi, au contraire, la dispersion n’est pas un problème : l’important est que la diversité existe et que l’art et l’expression individuels puissent survivre aux dictats de la mode et aux trends.
Le crowdfunding assure la rencontre entre l’artiste et son public. Ce “mécénat par les backers”, comme on pourrait appeller ce nouveau mode de financement, est un exemple de démocratie de proximité (proximité, bien entendu, de valeurs, pas nécessairement géographique): on soutient ce qui pour chaque communauté a un sens et ce qui lui plaît, et ce n’est pas un prétexte pour vendre autre chose.
La différence principale est que l’on s’engage à acheter ce qu’on voudrait qui se fasse, pas ce que le marché nous offre. Au lieu d’être client l’acheteur devient producteur et, selon les cas, copropriétaire.
CONQUES, VILLE COMPOSTELLANE, CENTRE DE NOS PÉRÉGRINATIONS
Puisque nous résidons dans des extrémités opposées de l'Europe – Mark à Copenhague et Salvador Vidal et moi à Madrid – nous avons été contraints de trouver un lieu à mi-chemin où répéter et échanger des idées. Il ne pouvait se trouver de meilleur endroit pour un projet interculturel et translingüe que le village médiéval de Conques-en-Rouergue, halte importante sur le Chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. J’ai trouvé ce village à partir d’un rêve il y a 35 ans et je le considère comme mon lieu de naissance créative. C’est là où j’ai écrit In Place of Absence - mon deuxième recueil de poésie – et c’est là qu’ont commencé à confluer les voix qui un jour sont devenues les polyfonías.
En 2010 – à l’occasion du festival annuel de musique Conques, la Lumière du Roman nous avons pu réunir tout le village pour un récital sous l’énorme tilleul sur la place au-dessus de l’église. Depuis lors, le Peter Wessel Polyfonías Poetry Project est domicilié à Conques comme une ressource culturelle contemporaine de la ville de Sainte Foy.
POURQUOI « DELTA »?
Il y a plusieurs raisons. D'abord, la forme de la lettre grecque est un triangle, et Peter Wessel Polyfonías Poetry Project se présente maintenant comme trio. Deuxièmement, delta est la quatrième lettre dans l'alphabet grec et mon univers poétique est nourri de mots et expressions de quatre cultures. Troisièmement, en hébreu la quatrième lettre Daleth (ד) signifie “porte”, et la traversée de Conques signifie nécessairement une transformation de celle ou celui qui l’entreprend. Je souhaite que Delta aussi ouvre des portes en toi (ou qu’il te donne plus de portes à ouvrir). Quatrièmement, « d » est la première lettre du Danemark, mon pays d'origine. Cinquièmement, le delta fluvial est un sujet récurrent dans ma poésie. Sixièmement, je cherchais un titre qui serait le même en français, anglais, espagnol et danois pour illustrer l’argument que polyfonías n’est pas un mélange de langues, mais un seul et singulier idiome poétique. Septièmement, l’Origine du Monde – le matrix de la créativité – aussi est entourée d’un delta de poils.
UN ÉDITEUR DE CHOIX ET UNE ARTISTE DIALOGUANTE
Les éditeurs qui aiment les livres sont aujourd’hui une espèce en voie de disparition. C'est pourquoi je pense que j’ai eu beaucoup de chance que José María Gutiérrez de la Torre, fondateur et directeur de Ediciones de la Torre à Madrid, me propose sa collaboration pour le projet de crowdfunding Delta. Cette collaboration est la garantie que chaque détail de la production du livre se fasse avec la plus grande attention et bon goût. José María est un amoureux de la poésie, et il est convaincu que c’est un langage avec lequel les enfants doivent se familiariser dés leur jeune âge pour maintenir en éveil leur imagination et sensibilité.
La littérature nordique est un autre petit faible de José María, et plusieurs des meilleurs écrivains scandinaves ont trouvé des lecteurs espagnols grâce à lui. Ce n’est pas par hasard que ce distingué et perspicace éditeur s’intéresse maintenant à une collection de poèmes polyphoniques écrite par un poète danois et interpretée par son propre trio hispano-danois.
C’est aussi José María de la Torre qui m’a ouvert les yeux à l’art délicat, lucide et à la fois passionné de l’artiste espagnole Dinah Salama. Dinah aussi est une amoureuse de la poésie et ella a collaboré avec Ediciones de la Torre sur plusieurs projets remarquables, comme par example “Miguel Hernández: para niños y niñas y otros seres curiosos” (2007). Tandis que ce livre est une illustration merveilleuse de la sensibilité de Dinah Salama pour le monde des enfants, ce n’est pourtant pas ses dessins pour cette oeuvre, mais plutôt ses collages qui m’ont convaincu que j’avais trouvé la partenaire plasticienne parfaite pour Delta.
Je ne cherchais pas des illustrations pour mes poèmes; ce que je souhaitais c’était de trouver un artiste qui partageait mes préoccupations éthiques et esthétiques et avec qui je pouvais entrer dans un dialogue créatif. Dinah et moi avons croisé beaucoup de frontières avant de nous connaître, et quand nous parlons nous nous comprenons. C’est cette convergence entre les langues parlées qui se reflètent dans nos efforts créatifs. C’est là que se trouve la découverte.
CE QU’IL NOUS FAUT MAINTENANT…
c’est 6.000€ pour pouvoir publier Delta comme un livre-cd d’une qualité à la hauteur de son contenu. Nous voulons imprimer 750 livres soigneusement reliés sur du papier recyclé de première qualité dans lesquels la poésie, la musique – produite selon l’exigence méticuleuse bien connue de Mark Solborg – et les collages de Dinah Salama conflueront dans une espèce de œuvre d’art plurielle. Sur un plan plus prosaïque, il nous faudrait aussi couvrir les frais d’envoi, rewards et présentations.
COMMENT PARTICIPER
Comme vous voyez dans la colonne de rewards, vous décidez combien vous voulez apporter, quelle formule de mécénat vous préférez. Vous faites votre engagement d’achat par carte de crédit, mais le paiement deviendra seulement effectif si nous atteignons l'objectif de notre campagne de crowdfunding. Si au terme de 40 jours on n'a pas obtenu la somme de 6.000 €, les engagements d’achat sont annulés et personne ne voit son compte débité.
Une campagne crowdfunding représente un grand effort pour tous les collaborateurs, mais c’est aussi un moment riche de beaucoup d’enthousiasme pendant lequel nous nous employons à fond pour arriver à notre but et aboutir à l’édition de Delta pour la joie de nos sens et nos esprits. C’est la raison pour laquelle que nous vous prions de bien vouloir parler du projet et encourager les amis, la famille et les fous adorés (“friends, family and fools” comme disent les anglais) à y participer financièrement et en diffussant les liens et les widgets à travers vos réseaux sociaux.
DATE PREVUE DE PUBLICATION
La publication de Delta est prévue pour fin février-début mars 2014.
UN POÈME DE DELTA
Je pense que le poème “Conques, la quête” du livre-disque projeté peut servir de bonne introduction au monde des polyfonías:
Conques, la quête
En Concas, cette conche,
tout arrive et tous repartent,
tout passe
et rien ne s’en va,
tous se lèvent et tout s’enlève.
Et tout reste.
Caracoles,
søgende sjæle med hus på ryggen,
almas en vilo con sus vidas a cuestas.
Eager commerce,
searching eyes,
ojos en quête buscando, cher-
chant des yeux en paix.
Bon voyage, fare thee well, ultreïa.
Ici il faut être une ronce
ou un lierre
pour soulever les pierres
et casser les murs.
Campanas, klokker, bells
no rompen el silencio.
Sólido, minéral. In-
mutable.
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